Thomas trébuche - Trois Petits Tours par Thomas Fersen
Avant que Thom s'attaque à l'un de mes nombreux chouchous jeudi prochain sur Culturofil, j'ai décidé de lui couper l'herbe sous le pied, repoussant à plus tard le chantier de mon article sur Quadrophenia.
Comme tous les deux ans environ, notre ami breton (sans commentaire) nous offre depuis le 8 septembre dernier la chance de découvrir son nouvel album studio. C'est évidemment sans écoute préalable que j'ai dépensé environ 16 euros pour l'acquérir (je passe mon temps à acheter des éditions limitées dont je ne profite jamais des bonus).

Je ne m'attendais pas à quelque chose de formidable. La succession d'albums de qualité doit forcément prendre fin un jour, tout le monde a ses faiblesses. Et après l'enchaînement des excellents Le Jour du Poisson, Quatre, Pièce-Montée des Grands Jours et Le Pavillon des Fous, Thomas avait sorti en fin d'année 2007 un best of étrange entièrement composé de reprises au ukulélé, épilogue d'une tournée assez désorganisée, et si j'avais bien écouté quelques titres par curiosité, je ne partageais pas vraiment son goût pour cet instrument et me contentais des différents Live pour apprécier la qualité des meilleures compositions de cet artiste français hors-norme.
Ce n'est cependant pas sans une pointe d'excitation bien naturelle que je mis dans mon lecteur MP3 les Trois Petits Tours de Thomas et que j'appuyai sur Play. Au bout de deux écoutes dans les trains de banlieue qui m'emmènent et me ramènent généralement de mon bureau, le scepticisme s'était déjà emparé de moi. Jamais désagréable, cet opus laisse malgré tout un goût d'inachevé assez dérangeant. Au fil des diffusions dans mes oreilles, l'ensemble prenait sens petit à petit, sans pour autant s'y accrocher, et pour moi qui ai l'habitude de rester bloquée plusieurs semaines sur le même disque (pour peu qu'il soit bon), à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une nouveauté de Thomas Fersen, il faut avouer que c'était assez décevant.
Le leitmotiv de cet album, cette valise qu'il traîne partout avec lui (dixit mon collègue Rémi, qui a l'occasion de le cotoyer de temps en temps) ne réussit jamais à me toucher autant que les comptines animalières ou les chansons d'amour cocasses qu'il avait coutume de nous servir. Il a beau finir par l'épouser, sa Germaine n'en devient pas pour autant attachante comme les personnages hauts en couleur qui peuplent d'ordinaire ses disques (Hyacinthe, Bijou, Louise et compagnie).
Autre chose : ce qui frappe instantanément l'auditeur, c'est que Formol n'est qu'une pâle copie des Cravates, que Ce qu'Il me Dit plagie Zaza, et que Concombre rappelle étrangement La Chapelle de la Joie, ceci sans que le ukulélé, omniprésent autant que sur le best-of, ne réussisse à le masquer. On frôle la panne d'inspiration, et cela pourrait être impardonnable.
Alors quoi ? Qu'est-ce que Thomas essaie de nous dire avec ce disque ? En errant sur le net par un jour de désoeuvrement, je découvris qu'il avait une admiration sans borne pour Nick Cave et Tom Waits et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne saute pas d'emblée aux oreilles. Pourtant, ici, en fouillant dans La Malle, l'influence du grand Tom devient évidente. En outre, une place de choix a été réservée à la musique sur plusieurs titres de la deuxième partie de l'album, ce qui n'est pas toujours le cas chez Fersen, qui a plutôt tendance d'habitude à placer ses textes au premier plan. Pour autant, les paroles de ses chansons n'ont rien perdu de leur poésie champêtre, de leur humour (beaucoup d'autodérision très appréciable chez un chanteur français) ni de leur charme, même si le fait que leur auteur semble parfois parler plus directement de lui que sur ses précédents opus n'apparaît pas clairement comme une bonne idée.
En définitive, Trois Petits Tours semble s'inscrire comme une transition dans la carrière du chanteur sur bien des points. Cette sorte de "Road-album" nous fait traverser un certain nombre de morceaux simplissimes au ukulélé avant de se complexifier à tous les niveaux (plus les minutes passent, plus le nombre d'instruments s'enrichit) pour terminer sur le magnifique La Malle qui en s'ouvrant laisse entrevoir de nouveaux horizons dans la carrière de Thomas Fersen. Et des albums plus aboutis, cela ne fait aucun doute.
Comme tous les deux ans environ, notre ami breton (sans commentaire) nous offre depuis le 8 septembre dernier la chance de découvrir son nouvel album studio. C'est évidemment sans écoute préalable que j'ai dépensé environ 16 euros pour l'acquérir (je passe mon temps à acheter des éditions limitées dont je ne profite jamais des bonus).

Je ne m'attendais pas à quelque chose de formidable. La succession d'albums de qualité doit forcément prendre fin un jour, tout le monde a ses faiblesses. Et après l'enchaînement des excellents Le Jour du Poisson, Quatre, Pièce-Montée des Grands Jours et Le Pavillon des Fous, Thomas avait sorti en fin d'année 2007 un best of étrange entièrement composé de reprises au ukulélé, épilogue d'une tournée assez désorganisée, et si j'avais bien écouté quelques titres par curiosité, je ne partageais pas vraiment son goût pour cet instrument et me contentais des différents Live pour apprécier la qualité des meilleures compositions de cet artiste français hors-norme.
Ce n'est cependant pas sans une pointe d'excitation bien naturelle que je mis dans mon lecteur MP3 les Trois Petits Tours de Thomas et que j'appuyai sur Play. Au bout de deux écoutes dans les trains de banlieue qui m'emmènent et me ramènent généralement de mon bureau, le scepticisme s'était déjà emparé de moi. Jamais désagréable, cet opus laisse malgré tout un goût d'inachevé assez dérangeant. Au fil des diffusions dans mes oreilles, l'ensemble prenait sens petit à petit, sans pour autant s'y accrocher, et pour moi qui ai l'habitude de rester bloquée plusieurs semaines sur le même disque (pour peu qu'il soit bon), à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une nouveauté de Thomas Fersen, il faut avouer que c'était assez décevant.
Le leitmotiv de cet album, cette valise qu'il traîne partout avec lui (dixit mon collègue Rémi, qui a l'occasion de le cotoyer de temps en temps) ne réussit jamais à me toucher autant que les comptines animalières ou les chansons d'amour cocasses qu'il avait coutume de nous servir. Il a beau finir par l'épouser, sa Germaine n'en devient pas pour autant attachante comme les personnages hauts en couleur qui peuplent d'ordinaire ses disques (Hyacinthe, Bijou, Louise et compagnie).
Autre chose : ce qui frappe instantanément l'auditeur, c'est que Formol n'est qu'une pâle copie des Cravates, que Ce qu'Il me Dit plagie Zaza, et que Concombre rappelle étrangement La Chapelle de la Joie, ceci sans que le ukulélé, omniprésent autant que sur le best-of, ne réussisse à le masquer. On frôle la panne d'inspiration, et cela pourrait être impardonnable.
Alors quoi ? Qu'est-ce que Thomas essaie de nous dire avec ce disque ? En errant sur le net par un jour de désoeuvrement, je découvris qu'il avait une admiration sans borne pour Nick Cave et Tom Waits et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne saute pas d'emblée aux oreilles. Pourtant, ici, en fouillant dans La Malle, l'influence du grand Tom devient évidente. En outre, une place de choix a été réservée à la musique sur plusieurs titres de la deuxième partie de l'album, ce qui n'est pas toujours le cas chez Fersen, qui a plutôt tendance d'habitude à placer ses textes au premier plan. Pour autant, les paroles de ses chansons n'ont rien perdu de leur poésie champêtre, de leur humour (beaucoup d'autodérision très appréciable chez un chanteur français) ni de leur charme, même si le fait que leur auteur semble parfois parler plus directement de lui que sur ses précédents opus n'apparaît pas clairement comme une bonne idée.
En définitive, Trois Petits Tours semble s'inscrire comme une transition dans la carrière du chanteur sur bien des points. Cette sorte de "Road-album" nous fait traverser un certain nombre de morceaux simplissimes au ukulélé avant de se complexifier à tous les niveaux (plus les minutes passent, plus le nombre d'instruments s'enrichit) pour terminer sur le magnifique La Malle qui en s'ouvrant laisse entrevoir de nouveaux horizons dans la carrière de Thomas Fersen. Et des albums plus aboutis, cela ne fait aucun doute.