Elvis Perkins in Dearland - La Maroquinerie - 2 avril 2009

Publié le par Cissie Blues

Voilà déjà près d'une semaine que le concert d'Elvis Perkins à la Maroquinerie a eu lieu, et je peine encore à redescendre de mon nuage. C'est que je l'attendais au tournant celui-ci, avec une belle impatience non dissimulée qui me poussait à compter les jours. Il faut dire que le second album de l'artiste, avec son groupe, tournait en boucle dans mon mp3 depuis plusieurs semaines déjà tandis qu'Ash Wednesday avait, quant à lui, fait une nouvelle percée fracassante dans mes écouteurs dans les jours précédant le concert.

Le 2 avril, il faisait beau et chaud (pour la saison) et arpenter les boulevards de Belleville ne me faisait pas peur. Sans doute est-ce pour cette raison que je fis un détour involontaire avant de pointer mes Converse à la Maroquinerie. En bas, la foule avait déjà commencé à s'agglutiner, ce qui ne présageait rien de bon, mais ne réussit pas à me départir de ma bonne humeur.

C'est La Féline qui se chargea de nous faire patienter avant l'arrivée d'Elvis et de son groupe. Et elle ne remplit pas trop mal son rôle. Il s'agit d'un groupe de folk avec une touche de synthé et une chanteuse en robe bustier. Sympathique, mais ne casse pas trois pattes à un canard non plus hein, ils ne s'étouffent pas vraiment avec leur charisme. Mais ce n'était pas désagréable. Je restai assise à gauche de la scène pendant un bon moment à siroter un coca sans bulles (ou presque), avant de me forcer à me lever pour ne pas laisser mes jambes trop s'engourdir, et en raison d'un afflux de personnages sans gène dans mon dos. 

Et puis le groupe est arrivé, pour monter le matériel. On a aperçu Elvis avec son bonnet rouge, mais il nous tourna le dos et n'accorda pas un regard à son public qui laissa tout de même échapper quelques sifflets enthousiastes.

Enfin, un peu plus tard, la lumière s'éteignit.

Elvis avait ôté son  bonnet rouge et n'avait plus que sa maigreur effrayante, ses lunettes fumées et ses longs cheveux à nous présenter. Ah, non, j'oubliais : sa voix aussi. Il ouvrit le spectacle avec un 1, 2, 3 Goodbye à donner le frisson à la plus insensible des brutes. Moi, postée en équilibre sur une marche, je n'en menais pas large. J'avais déjà du bol de le voir, il faut dire, vu qu'il s'est installé à l'extrême gauche de la scène et n'en a plus jamais bougé ensuite. Même si je trouvais ça plutôt bizarre de commencer un concert en disant au revoir, j'ai été immédiatement emportée.



A peine le temps de me remettre de cette introduction chairdepoulesque que le groupe - une bande de joyeux lurons  incroyablement doués - a débarqué pour venir soutenir son leader sur un Hey enlevé et frénétique. Le batteur, pourvu d'une grosse caisse sur laquelle il tambourinait de toutes ses forces tout en exécutant quelques pas de danse au milieu de la scène, suscita immédiatement des réactions du public, qui commença à taper des mains. Il faut bien avouer que le public parisien semblait ce soir-là, une fois n'est pas coutume, plus réceptif qu'à l'ordinaire. Les trois musiciens du groupe apportent chacun leur grain de sel. Tous multi-instrumentistes, ils passent du coq à l'âne sans la moindre difficulté, sans la moindre pause, tout en assurant des choeurs fabuleux sur un bon nombre de morceaux. Leurs voix s'accordent en effet à merveille avec celle d'Elvis. Petit bémol toutefois pour la contrebasse que l'on n'entendait pas assez . Néanmoins, c'est avec cette chanson si enjouée que le groupe et son chanteur réussirent à m'arracher ma première larme de la soirée.

Après quelques morceaux du nouvel opus, Elvis Perkins nous offrit aussi de magnifiques extraits d'Ash Wednesday, dont All The Night Without Love, May Day, Emile's Vietnam in the Sky, It's only me ou encore le titre éponyme del'album. Au milieu du concert, pendant l'interprétation de l'un de ces morceaux, j'eus tout juste le temps de me dire : "Tiens, c'est moins bien là, on s'ennuie un peu. Pfiou, ce sac me fait mal au dos. Quelle chieuse cette grande fille devant avec tous ses cheveux frisés et sa peau de mouton sur le dos, je lui mettrais bien deux claques" et pouf, c'était reparti pour une deuxième fournée aussi bien équilibrée que la première. Nous eûmes cependant droit à un petit intermède fort agréable constitué d'une reprise d'un vieux standard rock'n roll et d'un chant traditionnel revisité. L'audience, particulièrement démonstrative, chantait, dansait et semblait submergée par l'émotion, du moins dans la fosse.

Et le groupe quitta la scène. C'est là que je remarquai que la chaleur devenait vraiment étouffante.

Elvis Perkins revint tout seul et nous fit le coup du While You Were Sleeping. Rien à dire, très efficace, l'assemblée a été prise d'une sorte de sanglot général entrecoupé par des "Oh, oh... Oh, oh..." qu'elle laissait échapper pendant les faux refrains de cette chanson. Le groupe rejoignit la scène pour terminer la chanson. Enfin, les musiciens reprirent leurs instruments de fanfare pour entonner un Doomsday magistral qui consola tout le monde d'un seul coup. On n'a jamais vu quelqu'un parler de l'apocalypse avec autant de joie. De la joie violente.





Ce qu'il restera de ce concert pour moi, c'est la découverte qu'Elvis Perkins a quelque chose de beaucoup plus blues sur scène que sur disque. Par ailleurs, il a l'air terriblement triste quand il chante, alors qu'entre les morceaux il sourit et fait des blagues. Son groupe est vraiment impressionnant, tant par sa technique que par sa présence. Il a vraiment bien trouvé ses musiciens. Et surtout, le live amène de nouvelles dimensions à ses chansons.

Pour finir, j'ai une réclamation à émettre : j'ai été immensément déçue de ne pas entendre ma chanson préférée, Hours Last Stand, alors que l'on a eu droit à absolument toutes les autres chansons de l'album. Alors quoi, qu'est-ce qu'elle a cette chanson ? Pourquoi était-elle exclue du set ??

Publié dans Concerts

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C
Ah ? J'ai déjà réécouté tellement les disques maintenant que je ne pourrais plus te dire si j'ai rêvé ou non ! :) Ceci dit, mon cher et tendre me confirme qu'il l'a bien entendue lui aussi !<br /> Je suis d'accord pour Shampoo, ce n'était pas non plus à la hauteur de mes attentes. Mais globalement, on ne peut pas reprocher grand chose à ce concert.
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K
oui oui c'était tès chouette, mais bizarre je ne me rappelle pas de may day que j'aime pourtant beaucoup. pour moi le meilleur titre du concert fut I heard your voice in Dresden, un vrai moment de grace, alors que shampoo m'a un peu déçu ...
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C
Moi je l'ai encore écouté aujourd'hui. Et puis, je suis sûre que tu l'écouteras demain !
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T
Merde. Ca fait deux jours que j'ai pas écouté l'album... mais qu'est-ce que je fous ? :-)
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