La chanson qui ne voulait pas me lâcher - Babx et Electrochocs Ladyland

Publié le par Cissie Blues

Il y a quelques temps de cela, je me laissait porter par le monospace confortable de mon quasi-beau-père lorsque j'entendis une mélodie sympathique dans l'autoradio. Jusque là, rien que de très banal et je n'y avais pas vraiment prêté attention de prime abord. Cet épisode aurait sans doute été oublié si un ou deux mois plus tard, la même chanson n'était pas passée dans ce même autoradio, dans cette même voiture, sur la même fréquence, mais sur un autre trajet (ne poussons pas le bouchon).

Bref, cette fois-là, je me dis tout de même que ce titre en français avait quelque chose de spécial, un petit plus par rapport à la masse informe que représente ce que l'on appelle la "nouvelle scène" de notre beau pays. Mais je l'oubliai de nouveau.



Tenace et persévérant, il me revint en mémoire au réveil le lendemain matin et ne me quitta plus. Excédée, je googlisai donc les paroles pour savoir qui en était le propriétaire.

Je le retrouvai sans trop de peine : il s'agissait d'un dénommé Babx qui entre autres attributs, était doté d'une tête chevelue et pas franchement sympathique, et sa chanson portait le nom pour le moins énigmatique d'Electrochoc Ladyland. Mais bon, puisque j'en étais là, je me dis que je pouvais bien écouter son album sur Deezer. En faisant quelques recherches, je découvris qu'il en avait déjà composé un autre par le passé. Celui-ci, qui porte le nom de son auteur, annonçait déjà tout le talent de Babx, en dépit d'un niveau assez inégal entre les chansons. Il contenait malgré tout deux pépites tellement géniales qu'elles auraient de quoi décourager n'importe qui qui déciderait de se lancer dans une carrière musicale tant le niveau pourrait sembler élevé : Silicone Baby et Crack Maniac.

C'est en avril que l'album Electrochocs Ladyland vit le jour à son tour. Et là, stupeur : cet album devint une obsession. Je n'écoute que peu de chanson française à part Thomas Fersen, comme chacun ici commence sans doute à le savoir, mais celles de ce jeune auteur compositeur à peine plus vieux que mois (tout juste un an) se mirent rapidement à me trotter dans la tête toute la journée, et impossible de les en déloger.



Il faut dire que Babx a de qui tenir : il revendique l'influence de Léo Ferré, Tom Waits, Bashung mais à la différence d'autres génies autoproclamés, on entend réellement ces influences dans sa musique. Et sentir planer l'ombre de Tom Waits sur un disque français est suffisamment rare pour être souligné.

Issu d'une famille d'artistes plutôt aisés, il a su tirer parti au mieux de son héritage culturel pluridisciplinaire et est aujourd'hui tout aussi passionné par la musique que par la poésie ou le cinéma. Certaines de ses mélodies ont d'ailleurs parfois un goût de bande originale de film.

Mais en dehors de ça, sa musique extrêmement riche et soignée tourne autour de piano, de banjo, de contrebasse, de percussions rafinées, de cuivres traditionnels et d'une voix grave et pénétrante qui scande (comme dans l'excellent Mourir au Japon, qui n'est en outre pas dénué de second degré) ou chante avec une puissance parfois étonnante au gré de ses envies (Lady L. ou Electrochocs Ladyland).

Quant aux textes, ils ne sont pas en reste ! Si l'on a parfois l'impression d'une complexité prétentieuse frabriquée à coup de dictionnaires des rimes ou des synonymes, l'ensemble est tellement cohérent que l'on oublie rapidement ce détail pour plonger dans toute leur profondeur et n'en garder que le meilleur : la poésie qui en émane et qui réussit très souvent à me filer des frissons.



Publié dans Découvertes

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