J'aime pas les jeunes et je préfère les Anglais

Publié le par Cissie Blues

Rhaaaaa, mais qu'est-ce qui m'a pris ce jour-là ?

Sur une initiative perverse de Xavier, notre ami Klak a jugé bon de me refiler ce tag maudit du David Bowie Blog Tour, alors que j'étais toute contente d'avoir échappé à la première session. J'avais certainement dû toucher un paiement en retard d'un client ce jour là, parce que j'étais de bonne humeur et j'ai donc accepté.

Je n'avais jamais eu envie de me pencher sur le cas Bowie jusque là, et ça aurait pu être l'occasion de faire une belle découverte mais c'était sans compter sur un tirage au sort des plus capricieux, qui me fit écoper de Young Americans. Non, parce que je voue un véritable culte à la pop et au rock anglais depuis un certain temps déjà, mais il a fallu que je tombe sur l'album de soul discoïsante de Bowie, sorti en 1975 avec pour objectif avoué de partir à la conquête des charts américains.



Soyons clairs : je ne connais rien à Bowie, et la soul n'est pas franchement ma spécialité, comme vous l'avez peut-être déjà constaté si vous parcourez parfois les pages de ce blog. Et je n'ai matériellement pas le temps de rattraper mon manque de culture en la matière en ce moment avec mes semaines de plus de 50 heures, alors nous ferons avec les moyens du bord.

Il faut dire que j'avais si peur de me mesurer à Bowie que je repoussais sans cesse le moment de procéder au tirage au sort, comme si je sentais qu'il ne me serait pas favorable, que j'allais me planter et que l'âme des fans de Bowie voulait me punir par avance de ne pas être plus en mesure de répondre à ses attentes.

Lorsque j'ai enfin su quel album m'avait été attribué, je n'osais pas le lancer sur ma platine. C'était comme si une force invisible me glaçait le sang dès que j'approchais du disque d'un peu trop près, et m'empêchait de l'écouter. Mais un soir, sans grand enthousiasme, je le glissai dans le lecteur malgré les fourmillements dans mes doigts, puis vaquai à mes occupations en l'écoutant d'une oreille.

Loin de m'impressionner, cette première écoute me plongea dans un état proche du désespoir. Une impression tenace de mièvrerie et de guimauve se dégageait du disque. Limite écoeurée, j'étaignis le disque et allai me coucher.

Mon sommeil fut peuplé de cauchemars tous plus horribles les uns que les autres dans lesquels des fans de Bowie acharnés me poursuivaient et me forçaient à écouter le disque. Je me retrouvais ensuite dans une vieille Citroen CX décapotable avec un autoradio pourri crachant joyeusement la mélodie du single Young Americans sur une petite route ensoleillée de la Côte d'azur. Ensuite, j'atterrissais dans une boîte de nuit aux murs recouverts de velours bordeaux, et on me servait de mauvais cocktails au curaçao bleu en me passant Fame en boucle, pendant que des guignols aux cheveux gominés et en pantalon pattes d'eph se trémoussaient sur la piste.

Je me réveillai en sursaut, alors que des gouttes de sueur perlaient sur mon front.

Ni une, ni deux, j'attrapai le disque et le jettai dans la poubelle. Tant pis, après tout. Il ne valait pas la peine de se mettre dans un tel état pour un blog, pour un article ! Xavier et Klak comprendraient que c'était plus fort que moi !

Mais c'était trop tard, la malédiction de Young Americans avait frappé et je le compris un peu plus tard ce matin là en allumant la radio. Parce que comme par hasard, France Inter avait subitement décidé de diffuser Fascination, comme ça, sans prévenir ! Interdite, je coupais le son, mais me posais tout de même des questions. Tout cela était pour le moins étrange.

Mais le pire était à venir. Au supermarché, la musique de Can You Hear Me me fit bondir alors que j'atteignais le rayon lessive. Mes cheveux se dressèrent sur ma tête, j'étais poursuivie. Tremblante, j'achevai mes courses, rentrai chez moi, et refermai la porte avec soulagement.

Depuis ce jour, je n'en suis pratiquement pas ressortie, mais je n'ai tout de même pas réussi à échapper à quelques notes de Who Can I Be Now, qui provenaient de l'étage du dessus, ni de Right, qu'un type écoutait à fond sur son portable dans la rue. J'ai trouvé la solution : j'ai fermé les volets. Je n'allume plus la télé, n'écoute plus la radio, et j'ai coupé le son de mon ordinateur. Bien entendu, je ne réponds pas non plus au téléphone. Je me fais livrer mes courses, mais je demande à ce que le livreur les laisse devant ma porte à une heure précise, par précaution.

Depuis qu'Halloween est passé, je me dis que la malédiction est peut-être terminée, mais je ne trouve toujours pas le courage de tenter une connexion avec le monde extérieur. Quelqu'un peut-il me dire s'il a déjà vécu un truc similaire et comment faire pour conjurer le mauvais sort ?

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C
<br /> Je te crois sur parole !<br /> Et il m'arrive à moi aussi d'écouter des trucs que j'adore en faisant le ménage de temps en temps, donc ce n'est pas forcément péjoratif !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Ce dernier commentaire m'a sincèrement fait hurler de rire, et m'a fait me sentir moins seul: l'intégrale de Bowie est typiquement ma "musique pour le ménage". Mais c'est un artiste que j'adore<br /> quand même... Même s'il est vrai que "Young Americans" n'est pas son meilleur. Il est très bon, qualitativement, mais assez chiant, y a pas à dire.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> En fait, je n'ai rien contre le saxophone à vrai dire. Ni contre la soul, ni contre les seventies mais... cette musique ne me parle vraiment pas, rien à faire. À la rigueur comme bande son pour<br /> faire les poussières, ça pourrait passer mais sinon, je ne sais vraiment pas quoi en faire...<br /> <br /> <br />
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X
<br /> Doc: ouaip, mais ne me parle pas de jazz, je suis allergique. Cela dit il y a quelques exceptions pour le saxo, avec les Stooges ou Johnny Thunders par exemple....<br /> <br /> <br />
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T
<br /> "mais j'avais cru à un exercice de style, genre Top of the Flops inversé..."<br /> <br /> OOOOOOH !!!!!!!<br /> <br /> <br />
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