Chose promise : Ersatz
Voici un article pour faire revenir les lecteurs vers ce blog en désertion. Au moins, avec Julien Doré dans les mots-clés, je sais que mon blogrank va faire un bond dès demain !
A ce qu'on m'a dit, l'album de Julien serait la deuxième meilleure vente française, avec plus de 40 000 disques écoulés en deux semaines. Sa super-popularité acquise pendant NS, notamment auprès du public féminin, a donc survécu sans peine à un an passé dans l'ombre. Phénomène intéressant...
Car je doute que ce soit la qualité de cet album qui soit si indiscutable que les acheteurs se sont précipités en magasins pour l'acquérir (j'avoue, je ne suis pas un exemple, j'ai moi-même envoyé un émissaire faire mes courses à ma place le jour de la sortie).
Sans être mauvais, Ersatz me dérange un peu parce que je n'avais pas envie d'écrire cet article sur lui. Il n'est clairement pas aussi bon que je l'espérais. Et cela me touche plus que pour n'importe quel disque car j'avais misé sur JD des attentes à hauteur de ces petits miracles télévisuels auxquels il nous avait habitués en 2007.
Je me suis plantée...
A la première écoute, je ne l'ai pas trouvé inintéressant, juste prétentieux. Mais il fallait s'y attendre, car le dandy autoproclamé de la chanson française n'a jamais manqué d'ego. Les deux premiers titres ne sont absolument pas convaincants et j'irai même jusqu'à dire que j'ai souvent l'impression que Julien se fout un peu de nous. Il a souvent dit en interview qu'il ne comprenait pas vraiment comment personne n'avait pu se rendre compte qu'il était un escroc. Et cette fois, cela me frappe... Il se pourrait qu'il soit un escroc...
Doté d'un humour décalé et surtout revendiqué, Julien en use et en abuse tout au long de l'album. Le gouffre quasiment permanent entre la mélancolie de certains titres comme "Les Bords de Mer" et les textes en est l'exemple parfait, tout comme l'autodérision à l'extrême dont il fait preuve dans "Soirées Parisiennes". Julien Doré en fait-il trop ?
Pourtant, certains morceaux sont clairement réussis. Je pense notamment à "Bouche Pute", qui est très bien jusqu'à l'intervention de Christophe à 3 minutes 06. (C'est dommage tout de même, non ? On parle de l'une des références préférées de Julien et le seul morceau auquel il participe se trouve gaché à cause de lui... Il y a de quoi être dépité !).
"Figures Imposées" est complètement raté... Les premières notes me rappellent immédiatement "La Belle veut sa Revanche" soit l'une des pires périodes Polnareffiennes, et je songe même à Voulzy en l'écoutant, c'est dire ! C'est plat, il ne se passe rien, j'ai l'impression désagréable de replonger dans les années 90, bref, je lui en veux pour ce titre, même si je le soupçonne d'avoir volontairement créé une chanson ridicule pour dénoncer l'engouement malsain qu'il a suscité l'an dernier ("vous vouliez m'encenser / Vos éloges en papier...").
Je passerai sur "Dans tes rêves", nouveau clin d'oeil à ceux qui critiquent la boboisation accélérée du petit Nîmois qu'il était encore il n'y a pas si longtemps. Titre dispensable... avec une petite allusion à sa compagne Louise Bourgoin.
Par contre, "Pudding Morphina" est géniale. C'est sans doute le meilleur titre de l'album... Je pense évidemment à Gainsbourg qui est assez présent sur l'ensemble de l'album, mais aussi parfois, lors des envolées synthétisées aux opéras rock qui ont sévi dans les années 70. Mais Julien a encore des progrès à faire en diction. Ce n'est pas parce que c'est un titre en anglais que je dis ça. J'ai souvent l'impression qu'il chante avec une patate chaude dans la bouche... (d'ailleurs il me semble que Marianne James lui a déjà fait cette réflexion !). Le texte de cette chanson est particulièrement soigné. Julien exprimerait-il mieux ce qu'il ressent dans une autre langue que sa langue maternelle ?
J'aime aussi énormément Piano Lys... J'aime le son, la mélodie, les effets de voix très travaillés. Je m'aperçois qu'il a fait vraiment beaucoup de progrès en chant. Par contre pour les textes, j'ai parfois l'impression de relire les paroles d'Eiffel il y a quelques années ! C'est... Disons pour le moins "obscur".
J'ai évoqué 9 titres et je n'ai pas très envie de continuer... Car l'album de Julien est trop incohérent et inégal pour être bon en sur la longueur. Mais je vais faire un effort.
J'aime bien "J'aime pas", mais là, ce n'est plus une mais deux patates que Julien a dans la bouche. C'est un titre sympathique, mais pas extraordinaire... Avec toujours ces envolées lyriques au piano...
Avec "First Lady", on change complètement de registre et c'est plutôt déroutant. Une batterie de cuivres, un rythme beaucoup plus soutenu, ça réveille et ça fait du bien, mais on se demande un peu ce que ça fait là. Encore une fois sympathique, mais de là à crier au génie... Par contre c'est sans doute le titre le plus susceptible de faire un deuxième single...
SS in Uruguay est fidèle à l'original mais je ne vois pas l'intérêt, si ce n'est de rappeler à qui ne s'en serait pas aperçu que Julien a des références très sérieuses en matière de musique. Et aussi qu'il ne connaît pas uniquement les titres les plus célèbres de son modèle. En plus franchement, reprendre Gainsbourg... Faut vraiment n'avoir peur de rien. Bref.
Los Angeles est très agréable... Moi aussi je me fais toujours avoir par ce genre de ballades à la guitare placées en fin d'album. Par contre le texte est décevant là encore. Il tombe dans les rimes faciles et les effets de style sont de plus en plus prévisibles.
Et le final, le duo avec Arno. Moui... je ne suis pas plus convaincue que ça...
Pour résumer, en dehors d'un titre, l'album de Julien Doré n'est pas mauvais. Il est plutôt travaillé, plutôt innovant, plutôt surprenant pour quiconque n'avait entendu aucune rumeur à son sujet. Mais il est relativement décevant, à tel point que je suis en train de l'écouter pour la septième fois seulement en deux semaines.
Cela pose une vraie question tout de même, Julien Doré est-il capable d'exister sans image ? Sa musique peut-elle suffire ?
Je vous laisse méditer là-dessus.
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